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Pourquoi les Françaises font moins d’enfants : angoisse climatique, logement, pouvoir d’achat…

« La France, par-delà les tombes, cherche les berceaux ; resterez-vous sourds à sa prière ? », implorait Paul Deschanel, futur président de la République, en 1919, après la boucherie de la première guerre mondiale. Plus d’un siècle plus tard, en janvier, Emmanuel Macron entamait, lui aussi, une antienne nataliste, prônant, dans une expression curieusement martiale, un « réarmement démographique ».
Le combat, cette fois, ne se déroule pas dans les tranchées, mais dans les alcôves : les Français, qui faisaient, dans les années 2000, jeu égal avec l’Irlande pour le taux de natalité, font de moins en moins de bébés. En 2010, 832 799 enfants ont vu le jour en France (hors Mayotte), selon l’Insee. En 2023, on ne dénombrait plus que 678 000 naissances, le niveau le plus bas depuis la seconde guerre mondiale. La chute de la natalité, en treize ans, est constante et significative et a eu tendance à s’accélérer après la pandémie. L’indicateur de fécondité, qui mesure le nombre d’enfants par femme, est passé de 2,03 en 2010 à 1,68. Au-dessous, donc, du seuil fatidique des 2,1 nécessaires pour assurer le renouvellement des générations.
Le « réarmement démographique » serait-il donc une affaire politique ? La France, certes, a une longue histoire de politiques familiales à base de mesures socio-fiscales. Celles-ci ont connu un premier tour de vis significatif en 1998, avec la mise sous conditions de ressources des allocations familiales, puis, en 2015, lorsqu’elles ont été modulées suivant le revenu. Parallèlement, les avantages fiscaux liés à la présence d’enfants au foyer ont été réduits.
Cela a-t-il incité les Français à réduire la taille de leurs familles ? Pas si sûr, répond Julien Damon, ancien directeur de recherche à la Caisse nationale des allocations familiales, professeur à HEC et auteur d’un essai sur le sujet. « Le consensus des études démographiques et économiques est de dire que le lien entre les politiques familiales et la fécondité est très ténu », observe-t-il. En atteste le déclin généralisé de la fécondité dans le monde, quelle que soit la politique familiale menée par les gouvernements.
En Corée du Sud, par exemple, les dépenses en faveur de la natalité sont passées de 0,2 % à 0,6 % du produit intérieur brut entre 2000 et 2020, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques. En pure perte : la fécondité, de 0,78 enfant par femme, y demeure l’une des plus faibles au monde.
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